
Ère victorienne. Angleterre.
Les temps sont durs, et les revers de fortune légion. Ainsi en est-il pour Clare et John Belman, contraints de quitter Bath, sa modernité et ses milieux culturels sophistiqués, pour l’antique ferme familiale d’Ormesleep, dans la région d’Ormeshadow.Au regard de Gideon, leur fils unique, c’est le pire des déracinements. D’autant qu’Ormesleep est le domaine de Thomas, son oncle paternel, figure tyrannique implacable, personnage aigre et brutal. Dans ce nouveau contexte dépourvu d’horizon, alors que les adultes nouent leur propre drame mortel, les fabuleux récits narrés par son père à propos des environs constituent l’unique échappatoire de Gideon.
Des récits qui font écho à une légende familiale tenace au sujet d’un dragon endormi sous la falaise, dragon dont l’un des membres de la famille Belman, génération après génération, aurait la garde… À l’heure où son univers s’écroule, quand fantasme et réalité s’entrechoquent, le chemin qui fera du jeune Gideon un homme s’annonce des plus périlleux.
Eh bien eh bien, voilà un sacré moment que je n’ai pas écrit ici, et encore plus longtemps que je n’ai pas chroniqué de livre ! En cause une vilaine panne de lecture qui a duré de septembre dernier jusqu’à ce printemps bien avancé, une détestation absolue de l’actuel éditeur wordpress par blocs, puis d’autres préoccupations qui ont fait que « m’y remettre » n’était pas la priorité du moment, on va dire.
L’été s’avérait cependant propice à la reprise, avec un mois de vacances chez mes parents, dans ma Moselle natale. Je m’y voyais déjà, et vous entraîne quelques lignes au cœur de ce tableau idyllique : verdure, champs et arbres à perte de vue, chant des oiseaux, chats qui se promènent joyeusement (et bouffent quelques oiseaux, orvets et mulots au passage, RIP). Jardiner très tôt le matin, puis m’installer avec mon ordinateur sur la terrasse tant que la chaleur n’est pas trop forte, et passer l’après-midi à bouquiner à l’ombre.
Bon. Maintenant, vous pouvez remplacer tout ça par la réalité : pluie, séries et jeux vidéos dans ma chambre.
Néanmoins, je me suis inscrite à quelques challenges estivaux, et tiens à effectuer au moins une soumission pour chacun d’entre eux ! D’autant que, si je ne lis pas autant que par beau temps, j’ai tout de même bouclé quelques lectures et souhaite vous en parler.
Voilà c’est bon, assez blablaté, rentrons dans le vif du sujet
À commencer par Ormeshadow, premier ouvrage de l’autrice britannique Priya Sharma paru en France au printemps dernier, dans la collection Une Heure-Lumière du Bélial’. Et qu’est-ce que ça tombe bien ! De part son format de novella, il rentre pile poil dans le cadre du challenge S4F3, animé par Lutin.
Ormeshadow est une novella assez… intense. Et prenante. L’autrice nous y plonge dans la peau de Gideon Belman, jeune garçon qui n’a connu que la ville, dans l’Angleterre de l’ère victorienne. Entouré de livres, instruit, intelligent, avec une réelle appétence pour le savoir, il se retrouve du jour au lendemain contraint, avec ses parents, à déménager dans la ferme qui a vu son père John grandir. Ce dernier en possède la moitié, son frère, Tomas, l’autre moitié.
Tomas est marié, père de trois enfants, dont deux garçons qui ont à peu près l’âge de Gideon, mais pas du tout son instruction ni son goût d’apprendre. La vie à la ferme est fruste, dure, brutale voire violente. Sa mère étant froide et distante, Gideon n’est proche que de son père, avec lequel il partage une même sensibilité ainsi qu’un goût certain pour les légendes. Plus particulièrement celle qui voudrait que la falaise qui surplombe la mer, sur la partie du terrain qui leur appartient, soit en réalité une dragonne endormie.
Ce récit s’attache à suivre la vie de Gideon, de son enfance à ses années de jeune adulte.
Quelle belle vie de famille !
J’aimerais tout d’abord vous prévenir : si l’ouvrage fait la part belle à l’imagination, l’imaginaire en tant que tel en est quasi absent.
Ormeshadow est dure et, comme je l’écrivais plus haut, prenante et intense. Je n’ai pas pu la lâcher jusqu’à la fin. Cette novella m’a rappelé certains récits de Robin Hobb/Megan Lindholm comme Le Dieu dans l’Ombre côté intensité de l’injustice subie par le protagoniste.
Il s’agit d’un huis-clos familial malsain et âpre, dont les enfants sont les premières victimes. De non-dits en trahisons, de désillusions en haines, les saisons de dur labeur à la ferme sont pesantes, et pas que physiquement. La frustration et la jalousie y sont le terreau fertile du mensonge et du drame. Égos mal placés et vieilles rancœurs y couvent, jusqu’à éclater.
La violence qui engendre la violence, les traumas qui se transmettent aux plus jeunes, les choses qu’on aurait dû dire, celles qu’on aurait dû taire. Les vies brisées, esseulées, et l’instruction comme porte de sortie pour les plus privilégiés sont parmi les joyeux thèmes abordés que j’ai noté durant cette lecture.
Cette novella ne manque cependant pas d’espoir car, pour certains, c’est dans la désillusion la plus absolue que l’on peut faire peau neuve et gagner sa liberté.
En tout cas, vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce récit à l’ambiance fort réussie, mais il vaut mieux être dans un bon jour pour s’y pencher !
Ormeshadow, Priya Sharma, Éditions Le Bélial’, 176p., 10,90€, ISBN : 978-2-84344-977-2
Traduction par Anne-Sylvie Homassel
Illustration par Aurélien Police
Retrouvez d’autres avis chez L’épaule d’Orion, Gromovar, Célinedanaé, Yuyine, vous ?
Cette chronique fait partie du challenge S4F3

Ça fait plaisir de te revoir par ici ! Surtout après tout ce temps. J’ai lu Ormeshadow aussi il y a deux ou trois semaines, c’était un sacré texte. Je ne l’avais pas chroniqué mais il était assez percutant.
J’espère que tu retrouveras le plaisir de lire en tout cas. Passe un bel été ☺️
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Merci ☺️ oui c’est percutant 😮
J’ai plaisir à lire, simplement le rythme est assez lent haha. Et la météo joue 😅 j’aime bien lire en extérieur au soleil.
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Belle reprise avec un chouette chronique ! J’ai lu Ormeshadow il y a quelques semaines mais j’avoue que le texte ne m’a pas plu… le coté histoire de famille c’est pas pour moi 😑
J’espère que l’envie de lire restera et peut être celle du bloging aussi 😊
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Merciiii ! Si y’a bien une chose que j’ai appris depuis que je traîne sur la blogosphère c’est que les goûts, au final, c’est plus que méga subjectif 😅
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