Ours – Diego Vecchio

Ours

Un nouveau fléau dévaste les familles : les gamins ne parviennent plus à s’endormir, transformant la vie de leurs parents éreintés en enfer. Heureusement il y a l’ours Doux Dodo, la peluche fantastique qui, parce qu’elle refuse de céder au sommeil, épuise les petits insomniaques acharnés.

Estrella Gutiérrez a réussi par miracle à en dégoter un et se réjouit d’une nuit enfin calme… Naïve et épuisée, elle mésestime cependant Otto, le nouveau compagnon nocturne de son fils, qui en a décidé autrement et s’apprête à faire vivre au garçon quelques heures très intenses…

Ne laissez pas traîner ce livre devant l’enfant qui sommeille en vous, il est rempli de comptines bizarres, d’histoires à dormir debout, d’animaux sauvages et bavards, de créatures étranges, et vous risqueriez y prendre, venu de fort loin, un certain plaisir.

Diego Vecchio est un auteur argentin qui réside en France depuis 1992, si j’en crois le site de l’éditeur l’Arbre Vengeur. Il est l’auteur d’un court roman, Ours, d’un recueil de nouvelles, Microbes, ainsi que de L’extinction des espèces, à paraître chez Grasset.

Ours et Microbes sont tous deux parus dans la collection Forêt invisible de l’Arbre Vengeur, visant à nous faire découvrir des auteurs hispaniques (Plop de Rafael Pinedo, dont je vous parlais ici, est également publié dans cette collection).

Qu’est-ce que ça raconte ?

Ours nous plonge dans le quotidien d’Estrella Gutiérrez, mère de famille épuisée au possible par son garçon, Vladimir, insomniaque depuis quelques mois. Elle espère vainement trouver un remède miracle, quel qu’il soit, afin de pouvoir ENFIN se reposer. Au magasin de jouets, la vendeuse lui conseille un ours en peluche Doux Dodo, nouvelle gamme miraculeuse qui ferait vivre aux enfants ce qu’eux-mêmes font vivre à leurs parents, les poussant à bout jusqu’à ce qu’ils trouvent le sommeil.

-Vous dites à votre fils avec la voix la plus tranquille possible : « Très bien, Vladimir, si tu ne veux pas dormir, ne dors pas. Il n’y a aucun problème. Moi, je vais me coucher parce que je suis très très fatiguée et que demain j’ai beaucoup beaucoup de choses à faire. » Et avant que Vladimir n’ouvre sa gueule de putois, se mette à hurler à la mort et réveille tout le voisinage, vous lui dites, cette fois sur un ton complice : « Mais puisque tu es réveillé, tu peux me rendre un service ? J’ai un petit copain qui n’arrive pas non plus à s’endormir ; il s’appelle… » Quel est votre nom préféré d’ours en peluche ?

-Pas la moindre idée.

-Vous pouvez choisir entre Odilon, Olivier, Olaf, Oscar…

-Oscar.

-Parfait ! Oscar est un ours qui ne peut pas s’endormir parce qu’il a mal aux dents.

Le rayon est malheureusement dévalisé dès sa livraison, à cause des hordes de parents n’en pouvant plus de leurs enfants insomniaques. Mais Estrella va tout de même parvenir à s’en procurer un exemplaire…

Et le récit va partir loin, très loin dans le côté conte surréaliste pas vraiment destiné aux enfants. Un peu à la Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, avec un enchaînement de situations plus improbables les plus que les autres !

Une sorte de cauchemar halluciné peuplé d’une princesse grenouille qui veut sauver la planète, d’une famille d’ours dont l’ourson est insomniaque, de rhinocéros qui présentent leur version très (très) mouvementée de Bonne nuit les petits, d’ogres mangeurs d’enfants qui tiennent des restaurants connus et d’un saurien qui chante le générique de l’Île aux enfants d’une voix nasillarde.

J’en ai pensé quoi ?

Dès le début du livre, les dialogues entre Estrella et la vendeuse ou les autres parents qui attendent désespérément de recevoir un Doux Dodo sont, je trouve, très drôles, succulents et surréalistes. Qui a déjà passé des nuits à entendre un enfant hurler se reconnaîtra aisément dans le désespoir et l’épuisement absolus de cette mère de famille. J’ai immédiatement adhéré.

Et puis je me suis laissée portée par le récit, cet espèce de conte sans queue ni tête dans le bon sens du terme, car très surprenant. L’auteur dit lui-même dans un interview avoir cherché à brouiller les frontières entre l’âge adulte et l’enfance, et c’est à mon goût réussi : entre parents à bout de nerfs et enfants à l’imagination débridée, une ballade vraiment sympathique qui se lit d’une traite et qui peut faire office de pause bienvenue entre deux gros romans.

Ours, Diego Vecchio, Éditions de l’Arbre Vengeur, 141p., 12€, ISBN : 979-10-91504-05-8
Traduction par Stéphanie Decante
Illustration de couverture par Alban Caumont

 

Cette chronique fait partie du challenge S4F3

S4F3

5 commentaires sur “Ours – Diego Vecchio

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  1. Le cadeau parfait pour de jeunes parents ? ^^
    Étonnant et intrigant. J’étais en train d’hésiter sur ma réelle envie, et paf je vois le nombre de pages : ça se tente sans trop de risque, je le note.

    Aimé par 1 personne

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