Rouge Venom – Morgane Caussarieu

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Irrésistible. Venimeuse. Cannibale.

Son sang ensorcelant est un poison.

Elle nous appâte comme la plante carnivore les mouches.

Elle n’existe que pour nous dévorer jusqu’au dernier.

Tant mieux. Nous sommes des monstres.

Elle, c’est Barbie.

Barbie, contre les vampires.

Et moi, Faruk, je l’aime à en mourir.

Plus impitoyables, sensuels et déjantés que jamais, les vampires de Morgane Caussarieu reviennent secouer le mythe. Aiguisez vos canines, ça va saigner !

Rouge Venom est la suite directe de Rouge Toxic (dont je vous parle ici), paru dans la collection jeunesse NAOS aux éditions ActuSF. On retrouve donc Barbie et Faruk peu de temps après les avoir laissés, dans une colocation assez improbables compte tenu des derniers événements relatés. Mais une jeune fille de 16 ans qui n’a plus qu’un seul repère et dont le monde, l’identité même, ont totalement vacillé, devenue très froide suite à la perte de presque tous ceux qu’elle aimait, à présent pleinement consciente d’être un outil créé par son propre père, un sujet d’expériences, une simple arme, est prête à accepter beaucoup de choses le temps de se rafraîchir les idées (le choc post-traumatique, tout ça tout ça). Exit donc le lycée, welcome l’ambiance coloc malsaine & drugs à laquelle j’adhère beaucoup plus.

Et on se doute bien que la révélation contenue dans le twist final du précédent opus aura un impact à très court terme sur l’équilibre de vie précaire entre ces colocataires dont je ne vous révélerai pas l’identité, mais qui tiennent ensemble par la fragile perspective de trouver une solution définitive aux problèmes de cannibalis et sanguisugus.

On suit toujours Faruk et Barbie à la première personne dans Rouge Venom, mais d’autres personnages principaux se rajoutent, parfois brièvement pour nous faire croire à une plus grande importance de leur rôle que ce qu’il en est réellement, parfois parce qu’en plus d’apporter un point de vue très personnel sur les événements, ils deviennent tout simplement centraux et on imagine fort bien une fois le livre refermé à quel point leur point de vue sera primordial et unique dans une suite possible (même si ce n’est pas prévu pour le moment, peut-être sous une autre forme, qui sait ?).

Cette multiplication des points de vue est donc plutôt intéressante. D’une, elle m’a permis de comprendre sans que ce soit explicitement dit que, dans cet univers, les vampires n’ont plus réellement d’évolution psychologique une fois transformés. Cela explique d’autant mieux le fait que Faruk, un vampire plus que centenaire, ait pu tomber amoureux d’une jeune fille de 16 ans et qu’il soit assez influençable : il sera quelque part toujours un adolescent de 15 ans en recherche d’un modèle. De deux, même si leur psychologie est brossée à grands traits, je trouve toujours ça plus agréable de mieux comprendre la façon dont fonctionnent des personnages centraux, et dans le genre torturés du bulbe, y’en a qui sont pas mal du tout. De trois : vive les fausses pistes !

Le seul personnage que j’ai trouvé assez raté par contre est Emma. Elle a 48 ans au moment de sa transformation, toute récente, mais se comporte plus comme une adolescente que comme une femme d’âge mûr et semble ne pas avoir eu de vie avant sa transformation. Je ne me souviens plus vraiment de ce qui est révélé à son sujet dans Rouge Toxic mis à part son amour pour le père de Barbie, mais ici il n’y a rien, et les contradictions inhérentes au personnage sont rendues de manière peu crédible pour une femme de cet âge. Comprendre : elle DIT, « j’ai 48 ans, je suis une femme mûre, comment est-ce que ça peut m’arriver », mais à aucun moment on ne ressent, par ses décisions ou la tournure de ses réflexions, par sa façon de prendre ou ne pas prendre les choses en main, qu’elle EST une femme de 48 ans. Et c’est dommage car cela m’a empêché de m’attacher à ce personnage qui représente pourtant l’espoir d’une vie meilleure pour tous. Mais heureusement, relativement peu de chapitres lui sont consacrés, ce ressenti négatif est donc assez dilué pour ne pas impacter le plaisir de la lecture.

Dans ce volume, si l’on en apprend donc plus sur les personnages, on en apprend également un peu plus au sujet de l’origine des vampires, on entre un peu plus profondément dans leur mythologie et de nombreuses notes de bas de page renvoyant vers Je suis ton ombre laissent à penser qu’elle y est encore plus développée.

Sinon, la narration est efficace. C’est rythmé, et l’autrice prend un malin plaisir à multiplier les fausses pistes pour mieux nous surprendre. Mais ces fausses pistes ne sont pour autant pas de simples artifices de narration gratuits : elles participent pleinement à l’évolution et à l’émancipation de Barbie. Car pour combien de temps encore aura-t-elle besoin d’une figure de son passé à laquelle se raccrocher, ou tout simplement d’un homme qui prenne les décisions à sa place ?

Petit bémol quant aux révélations et événements se produisant à la fin du roman, à partir de la page 253 environ (sur 282) : ils auraient mérité un peu plus de développement, d’émotion, d’horreur et de poésie pour que ce passage soit à la hauteur de ce qui se passe très concrètement. Sinon, globalement, si j’avais bien aimé le premier volume, j’ai un peu plus accroché encore à celui-ci du fait de l’abandon de la partie « lycéenne », mais c’est très personnel bien entendu !

En résumé :

  • Un second tome toujours aussi efficace avec un rythme soutenu et une narration efficace
  • Une multiplication des points de vue bienvenue, avec en prime un approfondissement de certains personnages
  • Quelques bémols toujours du côté de l’émotion et des scènes « fortes » situées vers la fin du roman

 

Rouge Venom, Morgane Caussarieu, Éditions ActuSF, 282p., ISBN : 978-2-36629-990-8
Illustration de couverture par Benjamin « Zariel » Chaignon

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