Lorsque Cthulhu s’éveillera, nous serons tous condamnés.. mais qui connaîtra la chute la plus distrayante ?
Dans Gloom Cthulhu, vous contrôlez le destin de vos protagonistes lovecraftiens, les guidant le long d’un chemin d’horreur et de folie vers une mort certaine et définitive.
Gloom Cthulhu est un jeu de cartes réalisé par Keith Baker et édité en français chez Edge. Dérivé de Gloom (je n’ai pas joué à l’original, je crois que j’éprouve une passion pour les dérivés lovecraftiens), le but du jeu est de faire vivre tout un tas d’événements aussi atroces qu’incongrus à la famille dont vous avez le contrôle avant de mettre à mort (cruellement) ses membres, un à un.
Servez-vous un bon shooter d’humour noir avant de débuter la partie, car oui, vous avez bien compris ma dernière phrase. Il y a 4 familles dans le jeu (une par joueur) et chaque joueur a, posées devant lui, 5 cartes Personnages représentant les membres de sa famille (ou 4 cartes si vous jouez à 5 : chacun se défausse d’un personnage pour former une nouvelle famille). Votre objectif est de les tuer tous après leur avoir fait vivre de nombreuses atrocités (et d’en rire, c’est un jeu pour sadiques refoulés en fait). Si vos amis sont impressionnables, vous pourrez justifier vos pulsions morbides grâce à l’explication suivante : il se murmure dans l’univers de Gloom que plus nombreuses sont les afflictions vécues, plus glorieuse sera la vie dans l’au-delà. Moi j’dis, on a vu débuter des carrières de tueurs psychopathes pour des prétextes plus fumeux que ça.

Les cartes du jeu sont en plastique transparent (donc imperméables, et plutôt jolies par dessus le marché) et vous superposez durant la partie effets négatifs placés par vous et effets positifs placés par les autres joueurs sur les membres de votre famille. La finalité est de rajouter un maximum d’effets négatifs sur chaque personnage (sous forme de points d’Estime de Soi et d’Icônes d’Histoire, nous y reviendrons plus tard) avant de le tuer, ce qui « sauvegarde » ses points. La fin de la partie s’annonce avec la mort intégrale des membres d’une famille, et seuls les points des personnages ayant passé l’arme à gauche sont comptabilisés…
Rentrons un peu plus dans le détail avec les différentes cartes qui composent le jeu :
- Les Cartes Personnages, dont je vous ai parlé plus haut !
- Les Cartes Modificateurs, qui affichent des points d’Estime de Soi (positifs ou négatifs) et parfois une ou plusieurs Icône d’Histoire. Ces cartes disposent également d’une boîte de texte noire qui relate en une ou deux lignes quelque aventure ou mésaventure ! Quelques exemples : « A Visité le Vermont : Venu pour le cheddar, resté pour les Mi-Go.« , « Est Soudain devenu Squameux : Il a nourri un serpent dans son sein… gauche. » ou encore « A été Séquestré dans un Sanatorium : Il n’a pas peur de l’engagement.«
- Les Cartes Événements, cartes à usage unique et aux effets assez puissants de type « Chaque joueur doit choisir 1 de ses Personnages vivants et le retirer de la partie. » ou « Déplacez une Mort Prématurée d’un Personnage mort vers un Personnage vivant doté d’un score d’Estime de Soi négatif«
- Les Cartes Mort Prématurée qui signent tout simplement le tragique décès d’un de vos personnages. RIP. Elles ne peuvent être jouées que sur un personnage doté d’un score d’Estime de Soi négatif. Certaines cartes disposent également d’effets plus ou moins sympathiques et, tout comme les Modificateurs, une petite histoire les accompagne : « A Lu la Mauvaise Pièce : Le premier acte est plutôt faible, mais le second est une tuerie.« , « A Perdu son Cœur : Malheureusement, Brown Jenkins l’a trouvé. » ou encore « A Payé le Prix de son Art : Poète, dramaturge, peintre, sorcier… L’art est un domaine dangereux.«
- Les Cartes Histoire qui représentent un élément dramatique impactant négativement toute une famille.

Et avec d’autres informations techniques utiles :
- Les Points d’Estime de Soi sont les points comptabilisés en fin de jeu pour savoir qui gagne et qui perd. Ils peuvent être négatifs ou positifs…
Il y a trois emplacements à gauche des cartes sur lesquels ces points peuvent apparaître et, attention, on ne compte que ceux qui sont apparents ! Si vous avez un joli score négatif et que votre voisin de table vous rajoute du positif par-dessus, eh bien c’est tout perdu pour vous. - Les Icônes d’Histoire sont au nombre de 6 plus le néant et représentent par exemple la Folie, la Magie ou encore l’Horreur (les règles du jeu détaillent tout ça). Trois emplacements leur sont dévolus à droite des cartes et quand vous en avez suffisamment d’une sorte sur les membres de votre famille, vous pouvez revendiquer une Carte Histoire.
- Très important, dans ce jeu les cartes sont transparentes pour vous permettre de ne comptabiliser que ce qui est apparent, et donc jouent avec cette transparence. Toutes les cartes Modificateurs n’auront pas tous les emplacements remplis… Il faut donc faire preuve de stratégie ! Prendrez vous le risque de rajouter des points d’Estime de Soi négatifs sur du positif quitte à couvrir une Icône d’Histoire bien utile ?
C’est comment qu’on commence ?
Pour savoir qui commence, chacun raconte sa journée et c’est celui à qui sont arrivés les événements les plus insensés qui débute. De quoi détendre l’atmosphère et mettre dans l’ambiance !
On dispose ensuite deux cartes Histoire au centre, ce sont celles qui pourront être revendiquées durant la partie. Chaque joueur a en main 5 cartes qu’il cache aux autres. Sont posées devant lui de façon visible les cartes Personnages des membres de sa famille. Il y a une pioche, une défausse, on joue deux cartes par tour puis on pioche en fin de tour. Il n’y a que les cartes Mort Prématurées que l’on ne peut jouer qu’une fois par tour et uniquement en premier. Autrement, libre à vous de combiner Modificateurs et Événements afin de faire baigner vos personnages dans l’horreur la plus absolue ou d’offrir un instant de répit et de félicité à ceux de vos camarades.
Ensuite, à vous de raconter les folles journées vécues par vos personnages grâce aux quelques éléments d’histoire fournis par les cartes, suffisamment loufoques, absurdes et vagues pour laisser libre cours à votre imagination… Le sel du jeu tient donc autant par le côté stratégique que l’on met quelques parties à maîtriser que par ce côté créatif dont il faut faire preuve, le but étant de bien se marrer en faisant vivre des horreurs à ses personnages mais aussi en faisant preuve d’un sadisme total à l’encontre de ses adversaires. Démolir tout un scénario bien construit d’un « Ce n’Était qu’un Rêve » annulant tous les effets est très jouissif.

En résumé, Gloom Cthulhu est un jeu où il faut savoir faire preuve autant d’imagination pour amuser la galerie que de ruse pour anticiper le prochain coup bas de votre adversaire, et qui vous révélera les sombres pulsions de vos amis les plus proches… Vous pensiez bien les connaître ? Détrompez-vous.
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