Et Dieu se leva du pied gauche – Oren Miller

et dieu se leva du pied gauche

LA MORT S’INVITE PARTOUT. MAIS, PARFOIS, ELLE DOIT FAIRE PREUVE D’IMAGINATION.

« — Les cadavres sont de grands bavards par nature, croyez-moi. À peine sont-ils froids qu’ils ne pensent qu’à parler. »

Après avoir avoué à sa femme qu’il avait toujours détesté le thé, Ambroise Perrin se défenestre sous les yeux médusés des personnes présentes.

Dans un palace vénitien, Louise Duval se réveille d’une soirée de gala et découvre que sept de ses collègues sont morts au même moment dans leur lit de causes inexpliquées. Rien ne lie ces deux affaires. Si ce n’est leur mystère. C’est assez pour intéresser Évariste Fauconnier, enquêteur émérite spécialisé dans les affaires que personne ne peut résoudre.

Entre crimes en série, esprits diaboliques et complots politiques, le fin limier va devoir dénouer les fils d’une gigantesque toile qui risque bien d’avaler son âme autant que sa raison.

Car l’araignée a souvent le dessus sur le papillon.

Et Dieu se leva du pied gauche est le quatrième roman publié par Oren Miller aux éditions de l’Homme Sans Nom et le troisième récit des aventures d’Évariste Fauconnier, Sherlock à la française bien déterminé à résoudre de complexes enquêtes pour le compte d’une mystérieuse organisation dans une Europe marquée par l’après-guerre. C’est pour ma part par le biais de ce roman que je découvre à la fois l’autrice et la maison d’édition, qui publie du Fantastique, de la Science-Fiction, de la Fantasy et du Polar. Je vous rassure tout de suite, nul besoin d’avoir lu les précédents romans de cette série, J’agonise fort bien, merci et À présent vous pouvez enterrer la mariée afin d’apprécier pleinement celui-ci.

Le roman débute au quart de tour avec un prologue à l’écriture enlevée faisant le récit du suicide d’Ambroise Perrin, notable ayant tout en apparence pour être heureux. Et c’est la première chose qui m’a marquée, cette plume teintée d’humour noir qui peut se faire légère pour raconter des événements parfois sombres.

L’intrigue à proprement parler s’engage ensuite et nous pose le sujet principal de l’enquête, la mort mystérieuse de 7 personnes, avant de nous emmener à la rencontre d’un duo d’enquêteurs composé par Évariste Fauconnier, génie cynique et froid en apparence mais, au fond, empli d’humanité et de compassion envers les laissés pour compte et par Isabeau le Du, son assistant (et esclave selon ses propres termes), un jeune homme qui ne manque pas d’intelligence. Si le duo d’enquêteurs composé d’une génie et d’une personne un peu plus douée socialement qui joue les assistants, ce n’est pas neuf, c’est néanmoins un trope dont je ne me lasse pas et qui fonctionne vraiment bien ici.

Nous voilà donc embarqués en leur illustre compagnie sur les traces d’un tueur au coeur de la ville suisse de Neuchâtel, cernée de sombres forêts qui abritent la fondation Sorel, destinée à venir en aide aux victimes du nazisme. Le lecteur est rapidement plongé dans l’atmosphère de cette petite ville où tout se sait grâce à des détails et personnages finement introduits : l’autrice sait poser son ambiance avec esprit, habileté et subtilité.

Le récit, s’il suit majoritairement le point de vue d’Isabeau, nous offre par moments une plongée dans la tête du tueur mais aussi dans le journal tenu par une ancienne victime du Struthof. Cela en fait un puzzle intéressant à suivre et Oren Miller parvient à en dévoiler juste assez peu pour tromper le lecteur et le surprendre lors de certaines des révélations finales. Je suis une lectrice plutôt attentive, j’essaie toujours d’anticiper et d’imaginer tout, n’importe quoi et son contraire, et si certaines de mes hypothèses se sont révélées vraies, je n’ai pas venu venir l’ensemble des dénouements. Et être pris par l’aventure et surpris, c’est ce qu’on attend avant tout de ce genre de lectures !

Et Dieu se leva du pied gauche est donc un thriller bien ciselé mais également teinté d’humanité. Comme je le disais plus haut, sous un masque emprunt de cynisme et d’une pointe d’amertume, Évariste regarde le monde avec acuité et n’hésite par exemple pas à reprendre les autres personnages et en premier lieu Isabeau lorsqu’ils emploient un vocabulaire discriminant mais tellement courant qu’ils ne s’en aperçoivent pas. Les mots peuvent blesser, simplifier la réalité, mettre dans des cases, et un lecteur prévenant saura sans nul doute apprécier cette dimension qui donne une plus grande envergure et portée au récit. Et ici, on le voit bien, l’enfer est souvent pavé de bonnes intentions.

J’aimerais enfin terminer par une mention spéciale pour l’illustrateur de la magnifique couverture, François-Xavier Pavion et pour ce titre original qui résume bien l’esprit du livre.

En résumé :

  • Un thriller très réussi porté par une écriture fine et enlevée
  • Un roman emprunt d’humanité et d’une réflexion sur la différence
  • Des personnages que j’ai bien envie de retrouver dans J’agonise fort bien, merci et À présent vous pouvez enterrer la mariée

Je vous laisse avec les premières pages.

Et Dieu se leva du pied gauche, Oren Miller, Éditions de l’Homme Sans Nom, 352 p., 19,90 €, ISBN : 978-2-918541-62-2

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Créez un site ou un blog sur WordPress.com

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :