Chronique initialement publiée le 4 juin 2010 sur mon ancien blog
Chers lecteurs,
J’ai aujourd’hui une courte mais non moins belle lecture à vous proposer, à savoir l’impasse de Michel Surya. Paru le 6 avril dernier chez Al Dante Éditions, écrit d’une cinquantaine de pages.
M’attendant, de prime abord, à tomber sur un court essai politique comme de coutume chez l’auteur, dors et déjà intriguée par l’absence totale de quatrième de couverture, j’ai eu la surprise de découvrir un récit « érotique » éminemment personnel d’une tristesse et d’une beauté égales à celles de la vie : infinies.
Au détour d’une impasse, « je » fait l’amour, et le lecteur un brin voyeur découvre le temps de ces cinquante pages le fil des pensées de ce « je », désordonnées (mais pas tant que ça), hachées, sans ponctuation. Sans la moindre ponctuation. Ni point, ni virgule, que des mots alignés les uns à la suite des autres, desquels surgissent phrases et sens. Il découvre la solitude d’un homme et la tragédie qui se noue lors de tout rapport sexuel.
On part, brutalement, de l’acte qui débute, pour ensuite le penser, dans un souffle ininterrompu, une avalanche prolifique de mots et de sens, jetés là par un besoin profond, immédiat, urgent de « dire » ; souffle débuté à la naissance, et qui ne se tarira qu’à la mort de l’auteur de ces pensées, cette œuvre ne comportant ni début, ni fin.
La mort, la naissance, sont, à travers l’amour et l’acte d’amour, le véritable thème de cette novella. Elle s’intéresse, au fond, à l’animalité de l’Homme rendu à sa chair, en quête désespérée de contact et de fusion avec la chair d’autrui, afin de rompre momentanément cette satanée solitude régnant en maître au cœur de nos cerveaux de désaxés.
Un gros coup de cœur donc, que je vous recommande vivement. Lecture de fin d’après-midi nuageux voire pluvieux, avec un thé ou un café à portée de main et le ciel gris en arrière-plan, histoire de.
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